Bona et Mbella ne sont pas Boutmy et Jellinek

La controverse qui oppose Richard Bona et Marco Mbella aurait pu ne pas tourner à une bataille de chiffonniers. Si les deux hommes étaient restés sur le terrain de la pensée, s'ils avaient été portés par le désir de faire triompher les positions controversées et contradictoires qu'ils défendent. Mais la tradition camerounaise a été respectée: un vrai problème de fond, un demi commentaire excessif, une pluie de réactions injurieuses, un tonneau des danaïdes de titres ronflants, clivage de l'opinion sur les détails et pas le début d'une idée, pas le début d'une solution au problème... Richard Bona et Marco Mbella sont deux personnages de la scène artistique camerounaise. Reconnus de leurs pairs, ils ne jouissent cependant pas du même degré de notoriété, eu égard à leur audience publique. Le premier est un musicien accompli, salué pour sa virtuosité, assis sur un essaim de louanges qui traverse les générations. Le second est un brillant ingénieur polytechnicien, doublé d'un artiste intermittent et méconnu des plus jeunes. Le statut d'artiste donne aux deux, un accès privilégié à l'attention du public. Il est normal qu'ils s'en saisissent. Il est normal qu'ils s'invertissent et portent des opinions qui, dans la mesure de leur leur pertinence, peuvent servir l'intérêt général. L'échange acidulé entre Bona et Mbella, pour autant qu'il continue de faire jaser, ne résistera pas aux rigueurs de l'histoire. Il n'apporte rien au débat. Ni la sérénité qu'il lui manque, ni les propositions qui feraient mûrir les opinions. Comme un coup d'épée dans l'eau, on se souviendra au mieux d'une querelle d'ego et de positionnement. En droite ligne de ce qui se fait déjà. Tel Fame Ndongo, furieux de n'être pas désigné secrétaire général de la présidence de la république en 2002. Paul Biya lui ayant préféré un certain Atangana Mebara. Il chantait à son de trompe sans se poser la question de sa compétence que Atangana Mebara n'avait même pas terminé son doctorat. De la même manière, quand Mouangue Kobila s'écharpait avec Maurice Kamto, on rappelait sans cesse au premier qu'il devait s'adresser à son maître avec pondération. Comme si les élèves sont condamnés à le rester indéfiniment. Une polarisation sur les personnes, une accentuation des détails sans intérêt; pour finir par détourner l'attention des vrais problèmes. Bona et Mbella ne sont pas Boutmy et Jellinek. Le français et l'allemand avaient violemment opposé leurs opinions sur les sources idéologiques de la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen. Depuis le début du siècle dernier, leurs hypothèses sont retenues comme complémentaires. Il est vrai que comparaison n'est pas toujours raison. C'est quand-même à se demander si le peuple camerounais à les hommes publics et les maîtres à penser qu'il mérite?




Richard Bona 
Marco Mbella 

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