Le championnat de football féminin de première division a repris. Dans l’indifférence générale, avec ses sempiternels problèmes : son financement bancal et la répartition de son enveloppe budgétaire qui met tout le monde en colère, ses terrains de terre rouge qu’on ne songe plus à réaménager, ses équipes sans budget parfois rétrogradées parce qu’incapables d’honorer le calendrier des rencontres, ses joueuses sans équipements galérant pour toucher primes et salaires. La saison 2016 a repris, portée par des femmes intrépides, amoureuse de leur profession. La coupe du monde de football féminin accueillie l’année dernière par le Canada avait pourtant soulevé un engouement sans précédant. On s’était pris à rêver d’un championnat féminin professionnalisé, avec une dotation qui permette aux clubs de mieux encadrer les licenciées. D’autant que les retombées étaient là, l’enveloppe FIFA allait exploser. On s’était pris à rêver de nouveaux stades obéissant à un minimum de normes. 
Il faut dire que le Cameroun avait fait fort. On parlait d’une première participation historique. Arrivées en huitième de finale, les lionnes avait pulvérisé tous les records des équipes africaines : dont le plus grand nombre de buts inscrits par une sélection africaine en une coupe du monde (9 buts), la plus large victoire d’une sélection africaine (6-0), le record de buts inscrits par une africaine dans la compétition (3buts)… Pour un début, ces petits riens avaient remobiliser le Cameroun le temps de deux semaines. Et c’était bien ! Quelques mois seulement après, nous sommes revenus aux mêmes misères, le temps des illusions est révolu. Une colère sourde monte parmi les présidents des clubs de première division. Avec le risque que certaines équipes déclarent forfait comme cela était déjà arrivé l’année dernière lors des quatrième et cinquième journées. Loréma dans laquelle évoluait Enganamouit, AS Locomotive, Caïman de Douala, Emergence de Yaoundé, Sawa United Girls et quelques autres avaient tous été relégués de deux divisions et leurs présidents interdits de prendre part aux compétitions FECAFOOT pendant cinq ans. Ce qui revenait à tuer à petit feu le championnat essentiellement animé par des passionnés. La situation est encore plus chaotique en deuxième division où les clubs ne savent pas à ce jour ce qu’ils vont recevoir de l’enveloppe Fifa. A la fédération, ils doivent être très occupés à ne rien faire. Et ils n’ont pas fini. Le Cameroun a déjà commencé à exporter ses talents. Pour rester dans cette dynamique, pour revivre des émotions comme celles que les lionnes nous ont offertes en juin dernier, il faut prendre en main le football féminin, lui donner des moyens et des infrastructures, il faut investir dans le football féminin. Ce sont des évidences, ce sont des lapalissades, mais tout ce qui va sans dire va encore mieux en le disant.



Gaëlle Enganamouit



Gabrielle Onguéné








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