La nomination de Charles Ndongo à la direction de la Cameroon Radio Télévision (CRTV) n’a pas fait que des heureux ; saluée par les uns, décriée par un nombre considérable d’autres. De la nomination de complaisance (tribale et clanique) au pays organisateur en passant par le non-respect de la procédure ou le mépris du président de la république pour la conseil d’administration de la CRTV, la critique la plus injustifiée que j’ai entendue porte sur la compétence journalistique du remplaçant de Amamdou Vamoulké.

Quand Charles Ndongo entame sa carrière professionnelle au début des années 80, la voix royale est évidemment la presse publique. La ligne éditoriale ne fait pas l’ombre d’une ambiguïté dans un pays monolithique avec des pouvoirs concentrés. Si les journalistes peuvent penser tout bas, ils savent n’avoir aucune marge de manœuvre dans ce qu’il est permis de dire tout haut. Dans ce contexte, Charles Ndongo est tenu par les conditions de travail définies par son employeur. On peut regretter que ses idées épousent alors celles du régime en place. Pourtant il ne fait qu’exercer son droit, celui de sa liberté de conscience. Dans le cadre de ce qui est autorisé, son travail est remarqué et lui vaut la carrière qu’on sait. Fin du débat !

Charles Ndongo, directeur général de la CRTV (et Emmanuel WONGIBE pour le seconder) ? Tout un symbole ! Au-delà de la personne et du personnage, c’est une consécration pour la profession. C’est le choix de confier à des journalistes de plein exercice, la définition des orientations d’avenir d’un audiovisuel public en plein naufrage, resté figé dans des schémas dépassés,  submergé par les vagues d’une presse privée pugnace, inventive, parfois médiocre mais audacieuse et dans le vent de la modernité.

Le challenge de faire revivre la CRTV ne sera pas une mince affaire. Il s’agira de lui rendre sa force de jadis, quand, enfants, nous restions une  demi-heure ou plus à contempler, comme un spectacle en soi, l’horloge du compte à rebours avant le début des programmes télévisés.

Il faudra d’abord déverrouiller la ligne éditoriale. Ce sera l’opération la plus difficile à réaliser. Les résistances viendront de tous les bords. Mais avec son puissant réseau de correspondants en région, la CRTV a les moyens humains de produire une information complète, plurielle, discutée…

Il faudra dans le même temps remobiliser  et redéployer les effectifs, peut-être trop importants, généralement sous-employés pour améliorer les programmes par la stimulation de la créativité. Grâce à la créativité, les décors d’émission sur fond de murs à carreaux façon salle de bain, les plateaux de JT découpés dans du contre-plaqué, les émissions nonchalantes en radio  qui ressassent les meetings politiques, les promenades de préfets, les éructations de chefs de villages ou le chapelet sans fin des avis de décès pourraient enfin disparaître pour faire la place à des programmes plus dynamiques, attrayants, en droite ligne de ce qui se fait de mieux dans le métier.

Parce que la créativité ne se suffit pas, il faudra moderniser l’outil de travail pour redonner aux professionnels de la radio et de la télévision les moyens d’exprimer la pleine mesure de leur savoir-faire. Y compris en les formant de nouveau pour adapter leurs compétences aux évolutions du matériel.

Et qui mieux que des journalistes ayant éprouvé ces difficultés  dans l’exercice quotidien de leur métier pourraient prendre la mesure des enjeux et aller tout de suite à l’essentiel compte tenu de l’urgence de la situation ? Quelques puissent en être les motivations, la nomination de Charles Ndongo a la faveur de marquer le début d’une ère nouvelle, du moment que tous ces défis sont considérés comme nécessaires à la survie de la CRTV. Il leur reste, à lui le nouveau directeur général et son équipe, à se mettre au travail.


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