Le football
camerounais est dans de sales draps. Et ce n’est pas une affirmation gratuite.
Le lancement officiel de la compagne en vue de l’élection du prochain président
de la ligue professionnelle a ouvert la porte à tous les superlatifs : de la
démagogie, du mensonge, des promesses fallacieuses et de la poudre aux yeux.
J’ai parcouru
mercredi après-midi le plan d’action du président sortant et candidat à sa
propre succession. Si je n’ai pas pouffé de rire, c’est que tout cela est bien
alléchant mais n’a rien de drôle. Pourtant Pierre Semengue se joue du bon sens
commun en prenant les membres de l’assemblée générale élective pour des
demeurés.
L’homme vient de
passer 5 ans en maître absolu à la tête de la ligue. Pas une idée constructive
dont on se souvienne, pas l’ombre d’un projet que l’histoire retienne. Et là, révolution copernicienne, comme Newton
découvrant par le plus grand des hasards la loi de la gravitation, Pierre
Semengue aurait trouvé le moyen de rendre la ligue riche, puissante et
professionnelle. Il promet de doter le Cameroun de 25 complexes sportifs de proximité
d’une capacité de 10.000 à 15.000 places dans 25 villes triées sur le volet. Il
y ajouterait un hôpital spécialisé dans la médecine sportive avec une capacité
de 150 lits. Pour le fonctionnement de la ligue, Pierre Semengue fait miroiter
une enveloppe de 500 millions de financement annuel pour chaque club de
première division. Et une enveloppe 350 millions par équipe évoluant de D2.
Ramenés sur 4 ans, les deux axes infrastructure et fonctionnement
nécessiteraient une bagatelle somme comprise en 180 et 200 milliards de fcfa.
Pour financer ce
projet ambitieux, pharaonique et conquérant, le général compte sur les
entreprises et un dispositif de défiscalisation décidé par l’état et taillé à
sa mesure. A moins d’une entourloupe destinée à flouer son concurrent, Pierre
Semengue n’a pas compris le sens de la défiscalisation. Le procédé permet aux
entreprises qui financeraient le football par le mécénat et le sposoring d’être
exonérées d’impôt sur 5% de leur chiffre d’affaire. A ne pas confondre avec la
déduction fiscale qui permet de diminuer du montant des impôts nets à payer les
sommes consacrées au financement d’œuvres caritatives ou de mécénat dans la
limite du seuil fixé. En clair, l’état n’aurait jamais demandé aux entreprises,
même publiques, de consacrer 5% de leur chiffre d’affaire aux lubies de Pierre
Semengue, sauf à vouloir les faire couler les unes après les autres.
On atteint des
sommets de fumisterie. Le tour de passe-passe a bien fonctionné. Double couche
de poudre aux yeux pour la presse et quelques acteurs du monde sportif. Le cas
notamment d’André Noel Essian, déserteur de la liste Happi et Zacharie WANDJA
candidat recalé. Tous deux apportent leur voix à la liste Semengue. Pourtant,
si on prenait le soin de faire apparaître les choses sous leur vrai jour à
l’assemblée générale élective de la ligue, le résultat de la consultation du 28
juillet pourrait être différent de celui qu’on croit déjà connaître.
Malheureusement, d’ici à ce que cela se produise, beaucoup d’eau aura coulé
sous les ponts.
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