Maintenant que la
tempête s’est calmée autour du président national du MRC et l’affaire dite du
toilettage du code pénal du Cameroun, il faut rappeler une évidence et poser la
question du lien que l’affaire Bakassi a créé entre Maurice Kamto et PauL Biya.
L’évidence c’est
que l’adjudication du marché de mise à jour du code pénal au cabinet Brain
Trust constituait un problème éthique et moral. Tous les éléments juridiques du
délit de prise illégale d’intérêts au sens où l’entend la loi étaient réunis. A
l’époque des faits, Maurice Kamto, ministre délégué à la justice est
dépositaire de l’autorité publique. Il n’a pas cessé d’être actionnaire
majoritaire et associé aux bénéfices du cabinet dont la candidature est
retenue. Son absence du Pays, sa non-participation aux délibérations ne
suffisent pas à faire oublier que c’est son entreprise qui est en compétition
et qu’il est le ministre de tutelle. On ne saura jamais vraiment ce qu’il s’est
passé et Maurice Kamto reste innocent par principe, puisque aucun juge ne se
saisira de l’affaire pour faire dire le droit.
On se retrouve à
baigner dans les eaux glauques de l’entre soi en raison duquel Kamto a quitté
le gouvernement. Autrement, personne ne comprendrait qu’en pleine opération
épervier, un tel scandale supposé secoue la presse et les réseaux sociaux sans
faire frémir l’appareil judiciaire.
On en vient à se
demander ce qui rendrait Kamto intouchable ?
Un premier élément de réponse se trouve dans
l’attitude, innocente et de bonne foi, des militants et sympathisants du MRC
pendant les heures chaudes de cette controverse. Sans en mesurer la portée, ils
ont pris Laurent Esso pour témoin de moralité de leur champion. Personne n’a
semblé en avoir conscience, mais c’était au moins une erreur de marketing. Soit
le camp que représente l’actuel garde des sceaux conduit le Cameroun vers le
mur et il faut s’en désolidariser, soit il n’est pas si infréquentable que cela
et la prise de distance de Maurice Kamto en novembre 2011 n’avait aucun
fondement.
L’autre élément
de réponse, plus probant celui-là, réside dans les non-dits de l’affaire
Bakassi au sujet de laquelle Maurice Kamto a toujours été le plus évasif.
Prétextant des éléments sensibles du dossier alors que l’ensemble de l’affaire
est consignée dans les minutes du « procès » disponibles et consultables sur le
site de la Cour Internationale de Justice.
En l’espèce, le
tribunal de la Hayes, reconnaissant la camerounité de Bakassi avait cependant
déclaré l’état du Cameroun inapte à définir les règles d’entrée et
d’établissement sur la presqu’île querellée. Non seulement les nigérians
installés sur le sol du Cameroun en toute illicéité pouvaient demeurer, mais
ils restaient aussi maîtres du choix de leur nationalité. En fait de victoire,
l’issue de Bakassi est un camouflet détourné pour les besoins de la propagande.
En célébrant une victoire judiciaire, la sauvegarde de la paix et de
l’intégrité du territoire, on faisait de Maurice Kamto un héros malgré lui.
De sorte que
saborder le président national du MRC aujourd’hui, reviendrait à mettre fin au
traité de non belligérance tacite conclu avec l’épilogue de Bakassi et à
révéler au grand jour l’une des supercheries les moins glorieuses du régime du
renouveau.
En fin de compte,
un homme dont l’offre politique n’a pas manqué de séduire, se retrouverait
englué dans les affaires, confortant les camerounais dans leur désamour
consommé pour la politique, renforçant le soupçon du tous pareils, tous de
mèche, tous intouchables. Et le bruit que Paul Biya se serait payé un nouvel
homme de paille à prix d’or continue de faire son chemin.
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